Lots of commentary and analysis of Jean-Luc Mélenchon’s march yesterday, which is regarded across the board as a spectacular success. And all the more so as it was linked to an election. One simply does not see tens of thousands of citizens coming out on a Sunday to march for a candidate—to march in affirmation of a cause or person, as opposed to demonstrating against something. Mediapart had a good piece on JLM’s succeeding in his prise de la Bastille. Thomas Legrand’s commentary this morning on France Inter, on JLM’s “demonstration of force,” was also not bad
Vous revenez sur la démonstration de force, hier à la Bastille, de Jean-Luc Mélenchon.
Oui, Jean-Luc Mélenchon aura créé certainement l’évènement populaire de la campagne. Si la Bastille a déjà connu, dans son histoire des mobilisations comparables, c’était toujours dans le cadre d’une protestation contre un projet gouvernemental, ou pour réagir à un évènement, comme la monté du racisme dans les années 80. Mais qu’un mouvement politique rassemble autant de monde lors d’une campagne, c’est un fait rarissime, surtout pour un candidat qui, bien qu’en progression, ne semble pas en mesure de se qualifier pour le second tour. La démonstration d’hier était remarquable aussi parce qu’elle avait un caractère identitaire très fort pour la gauche. Il y avait sur la place de la Bastille à l’ombre de la colonne de Juillet, une foule au drapeau rouge et tricolore, des bonnets phrygiens qui ravivaient l’imaginaire de ce camp politique. Le discours de Jean-Luc Mélenchon était fait pour trifouiller au plus profond de l’âme de la gauche française, lui rappeler son origine révolutionnaire. C’était grandiloquent et exalté pour la gauche, parfois chevrotant pour la République. Mélenchon recherchait l’effet frisson, il voulait du « Entre ici, Jean Moulin ». Emouvante ou caricaturale, chaque phrase raisonnait comme un appel fraternel aux peuples d’Europe, au monde, à l’humanité. L’orateur invoquait le « le cri du peuple », référence au journal communard de Jules Vallès. « L’égalité par quoi tout commence en France », Louise Michel, Jean Jaurès, les mots, les noms cités n’étaient pas puisés dans l’actualité, ni même dans l’histoire récente (rien sur mai 81) mais dans le tréfonds des mémoires de la gauche et de la République. Mélenchon a su remettre en branle le grand squelette du Parti Communiste, réactiver sa formidable capacité d’organisation pour réussir une grand messe de gauche dans le style le plus classique du genre !
Et cette démonstration de force a-t-elle de quoi inquiéter François Hollande ?
Pour son élection non, au contraire, mais pour la suite, oui ! Jean-Luc Mélenchon rassemble toute la gauche de la gauche sous une même bannière. Des anciens trotskistes, des alternatifs de tout poil, les restes du PC et certainement des nouveaux électeurs. Il leur fait chanter l’Internationale et la Marseillaise ! Ils iront en masse voter pour François Hollande au second tour. Hier Jean-Luc Mélenchon voulait montrer sa force mais visiblement, ne pas la diriger contre le socialiste. D’ailleurs le discours n’a duré que 25 minutes. Sa grandiloquence n’avait d’égal que le vague très étudié de ses propositions. Mélenchon s’est bien gardé de faire de la surenchère sociale trop précise. Il n’a rien prononcé qu’on puisse ressortir pour mettre un couteau sous la gorge de candidat socialiste. Imaginez qu’il ait brandi, devant la place de la Bastille noire de monde, le smic à 1700 euros en interpellant directement François Hollande ! Il n’en a rien été, Mélenchon connaît les codes de la compétition du premier tour à gauche. Ce n’est pas l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution ou la fin du concordat en Alsace qui pourra raisonner comme un casus belli ou sera vécu, au PS comme une pierre dans le jardin programmatique du candidat François Hollande. En revanche, l’éventuel président Hollande, qui veut réserver un groupe parlementaire aux écologistes et revenir à l’équilibre budgétaire en 2017, sait qu’il existe désormais une gauche radicale prête à battre le pavé.
The consequences of this on François Hollande is of course the big question. Art Goldhammer, citing an analysis à chaud by Gérard Grunberg that he links to, writes that
there are limits to Mélenchon’s rise: if he approaches the 15% that the extreme left won in 2002, there will be strong pressure for a “vote utile” that will drive some of his supporters back to Hollande.
The reflex to voter utile was invoked by marchers quoted in an article in Libé, who like Mélenchon but will nonetheless vote Hollande on April 22nd out of fear of a repeat of the 21 avril. If late polls show Sarkozy definitively taking first place and widening the gap with Hollande, the number of votes utiles for Hollande will certainly increase. Regardless of JLM’s first round score, there is little doubt that the vast majority of his voters will vote Hollande on May 6th. The problem for Hollande will be if JLM scores into the double digits, coming on the heels of François Bayrou or even overtaking him. The pressure on Hollande to tack left in his rhetoric entre les deux tours will be intense. But in order to win the election, Hollande will need a hefty chunk of Bayrou voters, i.e. to move to the center, which is his preferred inclination. One may be sure that JLM’s Front de Gauche—which is hostile to any alliance with Bayrou and the MoDem—will be particularly vigilant on this score. They’ll be watching Hollande like a hawk. Sarkozy & Co—who think they can square the circle by mimicking the FN while attracting Bayrou voters—will savor this eventuality with delectation. If Hollande cannot net a sufficient number of Bayrou voters while politely keeping Mélenchon at bay, then he will prove that he really doesn’t have the stature to be Président de la République. Espérons que nous n’en arriverons pas là.
UPDATE: Anne Sinclair has a good account on yesterday’s event in Le Huffington Post (via Art Goldhammer). Money quote:
[Jean-Luc Mélenchon] séduit beaucoup d’électeurs de gauche par son langage direct et riche, loin des nuances souvent alambiquées ou vagues de ses concurrents. Parce que les Français aiment bien les grandes gueules, parce que la France est l’un des rares pays d’Europe à avoir encore une puissante extrême gauche post-marxiste, parce que la nostalgie existe de celui qui pendra les “aristos à la lanterne”, parce qu’on aime flirter avec le frisson du grand soir et se faire plaisir au premier tour si l’on ne risque rien.
Encore l’exception française…
(photo: © AFP)
Anne Sinclair, a good account ! Quelle suffisance condescendante !
Mais elle a raison quand même…
The Socialists are indeed damned if they do and damned if they don’t Socialist power holders have been thrown out of office in Spain because they “tacked right” as the apparent saying goes. This is a polite way of saying that they supported the international banking system over their own people. Now Hollande is faced with the same choice: either defend the people or defend the status quo. At the moment, he continues to try to split the middle: tax the rich at 75%, but balancing the budget is essential (because it will please the markets).
Melenchon speaks plainly and gives no quarter. It’s facile to say that this only appeals to old commies who just haven’t learned their lesson. It’s more accurate to point out that Melenchon appeals to young and old alike. Take a look at the pictures at the Bastille. This isn’t about communism; it’s about people being fed up with the abuse being heaped on them by the government and industry.
Of course, this is all about the first round, and of course in the second round all the Melenchon voters will move to Hollande. That will happen whether Hollande moves closer to Bayrou or not, because what’s the alternative.